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La pression humaine menace les aires protégées du Nahouri

Le Parc national Kaboré Tambi (PNKT) et la forêt classée du ranch de gibier de Nazinga constituent des réserves forestières importantes au Centre-Sud du Burkina Faso.

Malheureusement, ces aires protégées subissent une pression due à l'action humaine. Braconnage, déforestation, pâturage (pour ne citer que ceux-là), y sont monnaie courante. Le comble est que les initiatives visant à éradiquer les mauvais comportements se heurtent souvent à l'opposition des riverains qui estiment qu'on veut leur « faire la force ».

D.H. est un berger. En ces temps de chaleur, sous le soleil accablant du mois de mars, D.H et son troupeau de boeufs se retrouvent dans la brousse, à la recherche d'herbes fraîches. Le hic est que l'endroit choisi par le berger est une forêt classée, à savoir le Parc national Kaboré Tambi (PNKT). Il s'agit d'une des aires protégées de la province du Nahouri dans la région du Sud-Ouest du Burkina Faso.

A la question de savoir pourquoi il a opté de faire paître son bétail dans cette zone protégée, le pasteur répond : « Je fais brouter mes animaux au parc, parce que je n'ai pas le choix. Il n'y a pratiquement plus de forêts dans la zone où l'on peut avoir de l'herbe fraîche, en ce moment précis ». Des comportements comme celui de D.H ne sont pas rares dans les aires protégées de la province du Nahouri. Il y a même des actions plus graves. Ainsi, l'on assiste à l'utilisation abusive des ressources des forêts protégées, à des défrichements d'espaces pour l'agriculture, à des actes de braconnage, etc.

Encore dénommé « forêt de Pô », le PNKT jouxte le cours du fleuve Nazinon. Il forme, avec la forêt classée du ranch de gibier de Nazinga, deux complexes forestiers importants du Burkina. Malheureusement, depuis un certain moment, des actions de déforestation se multiplient et inquiètent. Il en ressort que les pressions viennent de partout, même du Ghana voisin. Cependant, la pression la plus visible et la plus inquiétante est celle provoquée par les populations riveraines.

« Les mauvaises pratiques des populations riveraines sur les aires protégées touchent à la fois, le couvert végétal, la diversité floristique et les espèces animales les plus protégées », a déploré le chef d'unité du ranch de gibier de Nazinga, Dieudonné Yaméogo. Pour lui, le simple fait que des populations se soient installées à proximité de la zone protégée, joue sur la disparition de certaines espèces. « De nos jours, des espèces animales comme le lion, sont devenues rares. Le lion risque même de disparaître à la longue, si rien n'est fait, puisque c'est un animal qui aime la tranquillité », soutient M. Yaméogo.

Sur le terrain, les traces de l'action humaine sont visibles. Des arbres abattus par-ci, des traces de vieux champs, par-là.

Devant une telle menace de ces zones protégées, les initiatives ne manquent pas pour parer au pire. Ainsi, les autorités ont entrepris de déloger des zones protégées, les personnes illégalement installées. L'initiative se heurte souvent au refus et à l'opposition des incriminés. Néanmoins, depuis l'année écoulée, des effets concrets peuvent être constatés.

Antoine AKOANDAMBOU
Sidwaya